2ème chapitre : Le Monastère de la pierre plate

Dimanche dernier j’ai publié le premier chapitre de mon roman, la colère du Comte de Savoie. Aujourd’hui je vous propose de lire le début du deuxième chapitre intitulé Le Monastère de la pierre plate. On rencontre les héros, on découvre un peu mieux les lieux, l’intrigue va se mettre en place.

Chapitre 2 : Le Monastère de la Pierre Plate

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Un homme de haute taille se tenait sur les murailles du château de Quirieu. Large d’épaules, avec une vaste poitrine et des mains qui auraient pu étrangler un bœuf, cet homme était intimidant pour qui ne le connaissait pas, une impression renforcée par son air revêche. Barbu, les sourcils broussailleux, son visage était renfrogné et semblait avoir oublié le sourire depuis longtemps.

Cet homme, le seigneur Aimeric de la Tour, faisait un tour d’inspection sur les remparts de sa forteresse. Son regard sévère remarqua que la ronde des gardes manquait de rigueur sur le flanc ouest du château. Certes, la menace venait principalement de la Savoie à l’est, mais rien ne devait être négligé. Aimeric embrassa les fortifications du regard, avec une certaine fierté pour le travail qu’il avait accompli.

un roman historique avec le Dauphiné médiéval comme cadre, et ses luttes avec la SavoieSon regard se porta dans le lointain vers l’est. La ligne de montagnes qui marquait le début du territoire des Savoyards se découpait dans la lumière matinale. La brume s’étendait à son pied, comme fréquemment dans cette région d’étangs et de marécages. Des roseaux, s’envola en piaillant une bande d’oies sauvages. Le paysage était doux avec les couleurs du début de l’automne, serein. Rien ne laissait imaginer qu’il était depuis des siècles le terrain d’affrontements sanglants entre des seigneurs ennemis.

Des cris attirèrent soudain l’attention du Seigneur Aimeric vers la basse-cour. Il vit sa fille Ermeline, armée d’un bâton, en train de lutter avec l’un des écuyers. La jeune fille manquait encore de force pour asséner des coups conséquents à son adversaire, mais son agilité lui permettait de compenser. Elle tournoyait autour du jeune homme, évitant adroitement ses tentatives pour la toucher. D’un habile coup au genou, elle finit par envoyer l’écuyer mordre la poussière. Un sourire inhabituel illumina la figure maussade du seigneur lorsqu’il entendit le rire victorieux de sa fille.

Se portant de nouveau sur le lointain, son regard s’assombrit. L’avenir le souciait. Il n’avait pas de descendant mâle. En vertu de la loi salique, il était interdit à sa fille d’hériter. Si jamais il disparaissait, elle serait la proie des convoitises. Comment pouvait-il lui assurer…

Un grattement de gorge embarrassé vint interrompre le cours de sa songerie. Il leva les yeux : Béranger, le frère de lait d’Ermeline se tenait devant lui. Encore un sujet d’inquiétude ce garçon pensa furtivement Aimeric avant de demander :

« Qu’y a-t-il Béranger ?

– Monseigneur, une lettre vient d’arriver du Monastère de la pierre plate. Le chef des gardes m’envoie vous prévenir que le messager vous attend dans la basse-cour.

– Bien, va lui dire que je descends dans quelques instants. Faites le monter dans la haute-cour, nous nous rejoindrons en bas du donjon.

– Merci Monseigneur. »

Béranger repartit de sa démarche souple et féline. Ses cheveux bruns ondulaient sur ses épaules. Il portait une simple tunique brune nouée à la taille par un morceau de cuir, au-dessus de braies d’une couleur indéfinie à force d’être lavées et battues. Grand et mince, le jeune homme était étonnamment fort et agile pour quelqu’un du peuple qui n’avait reçu aucune éducation guerrière. La voix du sang, pensa Aimeric.

Tout le monde au château pensait que c’était un bâtard du seigneur. Le garçon souffrait de cette réputation, Aimeric en était conscient. Seul lui et la nourrice d’Ermeline, la mère du garçon, connaissaient la vérité. Une vérité complexe, qui faisait de Béranger un garçon à l’héritage puissant mais dangereux dans ces époques troublées. Aussi avaient-ils décidé de ne rien révéler. Etait-ce une erreur ? Aimeric n’en savait rien. Repoussant d’un geste ces sombres pensées, il se pressa de descendre pour rejoindre le messager.

[A suivre…]

Note : sur la photo c’est un héron et non pas des oies sauvages, mais je n’ai croisé que lui lors de ma promenade…

Suite du chapitre 2

9 commentaires sur “2ème chapitre : Le Monastère de la pierre plate

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    • Bonjour lionvert et merci pour ta lecture et ton commentaire. Et je dirais… La preuve que les rumeurs parfois arrangent ceux qui en sont l’objet, leur permettant de cacher une vérité autrement plus compliquée… Reste à savoir laquelle !

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