C’est pour la bonne cause, Jacques Fansten

Voici un roman qui, bien que sorti il y a une vingtaine d’années, est bien d’actualité.

Tonin a 12 ans. Son collège organise une action humanitaire en lien avec une association. 20 enfants africains originaires d’un pays en guerre vont venir passer un mois de vacances en France, pour se sortir un peu de leur quotidien difficile, se reposer. L’association recherche des volontairesroman jeunesse racisme migrant pour les accueillir dans leur famille. Tonin espère bien que ses parents seront d’accord et s’inscrit avant d’avoir leur avis. Malheureusement son père, après avoir tenu de beaux discours sur l’importance d’aider autrui, finit par alléguer des excuses vagues pour refuser. Mais c’est la honte pour Tonin, il n’ose pas se désengager maintenant qu’il a fanfaronné devant les copains. Aussi, il va se débrouiller pour accueillir le petit Moussa en cachette de ses parents. Mais un jour l’aventure tourne au drame.

Mon avis : ce roman est très intéressant dans le sens où il nous fait réfléchir à la réalité de notre engagement. C’est facile d’avoir de belles paroles « Il faut aider les autres » etc, mais que reste-t-il lorsque vraiment nous sommes face à la possibilité d’agir concrètement ? L’action est bien menée, j’ai été assez angoissée pendant toute la partie centrale du roman, quand les ennuis surgissent. Cependant je trouve un peu dommage que la personnalité de Moussa ne soit pas développée. On ne sait quasi rien de son histoire, à part quelques mots à la fin, son personnage est un peu caricatural. C’est malgré tout une belle histoire, intéressante et bien racontée. Pour les ados à partir de 11 ans.

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La cascade gelée, Gaye Hiçyilmaz

Selda vit en Turquie avec sa mère et ses sœurs. Son père et ses frères ont émigré en Suisse allemande depuis plusieurs années. Elles attendent avec impatience de pouvoir les rejoindre. Enfin les billets d’avion arrivent, et c’est le grand départ. Selda est impatiente, mais en même temps très inquiète. Elle qui est excellente élève en Turquie, comment va-t-elle faire à l’école dans un pays dont elle ne connaît pas la langue ? Elle a peur de devenir une élève à problèmes, de ne pas pouvoir réaliser ses ambitions.

roman adolescents ados immigration Turquie SuisseL’arrivée en Suisse est pleine de sentiments complexes. Le pays lui plaît, elle découvre les montagnes, la neige. Elle admire l’ordre suisse, l’élégance des villes. Pourtant, elle ne retrouve pas l’ambiance familiale telle qu’elle l’avait connue en Turquie, son père est devenu maussade, sa mère ne trouve pas sa place dans ce nouveau pays. A l’école, les enseignants sont très gentils, mais Selda ne se fait aucun ami, progresse lentement en allemand. Pourtant elle s’accroche, et peu à peu réussit à faire surface. Elle devient amie avec la fille du directeur de la plus grosse usine de la ville, qui malgré sa fortune est rejetée par les autres élèves. Selda découvre alors que la fortune n’empêche pas à une famille de connaître les soucis et le malheur.

Elle rencontre également un jeune homme turc, mais qui lui est un immigré clandestin, et à cause de cela, voué à un avenir sombre, perpétuellement exploité par les autres. Elle veut lui venir en aide, mais ce n’est pas si facile qu’elle pourrait le croire.

Mon avis : Ce roman m’a beaucoup plu. C’est un roman qui sait prendre son temps, qui installe les personnages avec beaucoup de profondeur, qui décrit les situations avec subtilité. Ce roman évite la caricature face à la question de l’immigration. Il montre combien les situations peuvent être complexes, parfois presque contradictoires. De nombreux sujets sont abordés, les différences des cultures, les risques de la radicalisation, le problème de l’immigration clandestine, de l’esclavage moderne qui en résulte, de l’intégration à l’école et dans la vie quotidienne. Il sait montrer les richesses de l’immigré aux côtés des difficultés qu’il rencontre. Il offre également une réflexion sur l’amitié, la franchise et ses difficultés, même sur la famille.

Ce roman est riche et dense. Je le conseille aux bons lecteurs, que les 373 pages n’effraieront pas.

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Les yeux de Rose Andersen, Xavier-Laurent PETIT

roman jeunesse immiagration Mexique Etats-Unis pauvreté misèreAdriana vit avec sa famille dans un minuscule village du Mexique, pas loin de la frontière avec les Etats-Unis. Ils sont pauvres, très pauvres. Lorsque la sécheresse transforme leur petit terrain de terre en poussière stérile, ils fuient ensemble vers la ville, pour trouver une misère encore plus absolue. Le père ne trouve aucun travail, son frère Guillermo rencontre des gens qui l’entraînent dans une très mauvaise direction, sa mère travaille des heures durant pour rapporter à peine quelques sous.

Le père a désormais une idée fixe, passer la frontière, au risque d’être abattus comme des chiens par les gardes-frontières.  Pour cela, il faut gagner de l’argent, beaucoup d’argent. Et s’ils réussissent à passer, rien n’est gagné pour eux, il faudra survivre, échapper aux dangers des villes américaines, et se faire une place. Mais Adriana est déterminée, et saura saisir sa chance quand ce sera le moment.

Mon avis : Ce roman est extrêmement violent, j’ai presque eu la nausée en le lisant. Les horreurs auxquelles sont confrontées les miséreux mexicains dans le bidonville puis lors de leur tentative d’immigration sont absolument scandaleuses et terrifiantes. Je ne peux qu’espérer que l’auteur en a rajouté, mais j’ai bien peur que non…

Ce roman permet de découvrir un aspect fort peu reluisant de notre monde, dans lequel le luxe relègue la misère de l’autre côté d’une frontière de barbelés, et n’hésite pas à abattre froidement ceux qui épuisés par le malheur, viennent chercher l’espoir d’une vie meilleure.

Attention toutefois à la violence du roman qui peut choquer certains ados un peu sensibles (en tout cas moi j’ai été choquée).

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Sako, Martine Pouchain

Résumé : Sako est une petite fille originaire du Mali. Avec sa mère, elles ont fui la misère de leur pays, avec l’espoir de trouver mieux en France. Sa mère souhaite plus que tout que sa fille puisse aller à l’école, faire des études et devenir médecin. Mais pour ça, il faut des papiers. Et pour avoir des papiers il faut travailler. Mais pour travailler, il faut des papiers. Face à ce casse-tête, Sako est un peu perdue. Elle reste seule dans la caravane de sa maman toute la journée et s’ennuie terriblement à lire et relire toujorus le même livre. Alors elle observe ce qui se passe de l’autre côté de la haie, chez Mado.sako

Mado est une vieille femme seule. Elle est veuve, et son fils unique est allé vivre à l’autre bout de la France, elle ne le voit quasiment jamais. Mado n’a plus le goût de la vie. Elle n’a plus envie de sortir, ni même de s’habiller et à peine de se faire à manger. Elle regarde souvent d’un air désapprobateur ces gens venus de partout qui squattent le camping abandonné à côté de son jardin. Elle a un peu peur qu’ils viennent l’agresser un jour, mais peu à peu, elle est intriguée par cette petite fille à la peau si noire, qui la regarde de ses grands yeux.

Ces deux personnages vont se rencontrer. Le roman alterne le récit du point de vue de l’une puis de l’autre, et de temps en temps, du point de vue de la mère de Sako.

Mon avis : Un beau roman, et en plus assez court. L’auteur est vraiment douée pour réussir à monter toute son histoire aussi rapidement. On s’attache à ces deux héroïnes si solitaires et tristes qui vont trouver la joie ensemble. La dure vie des sans-papiers est montrée sans trop s’attarder, mais de façon intéressante. Ce roman peut être lu par des enfants assez jeunes (en étant prévenus cependant que cela raconte des histoires difficiles) et surtout qui n’ont pas bien l’habitude de lire.

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