Les Petites Reines, Clémentine Beauvais

Coup de cœur pour cette lecture, qui balaie de nombreux thèmes très actuels pour les ados.

Résumé : Mireille consulte Facebook, et bim, les résultats du concours de boudins de son collège-lycée de Bourg-en-Bresse sont tombés, elle est élue Boudin de bronze, après avoir été boudin d’or pendant deux années. Ce concours est une abomination, mais comme il a lieu sur internet, personne ne parvient à le faire cesser. Depuis trois ans, Mireille s’est endurcie petites reineset sait se défendre. Cependant elle est inquiète pour les deux autres « gagnantes », plus jeunes et certainement fragiles. Elles se réunissent toutes les trois et essaient de surmonter ensemble cette humiliation.

Elles s’aperçoivent alors qu’elles ont toutes les trois une bonne raison d’aller à la Garden Party du 14 juillet à l’Elysée. Mireille veut mettre son père biologique, époux de la présidente de la République, face à la vérité. Astrid est une immense fan du groupe Indochine qui sera là pour le concert, et Hakima veut y aller pour dénoncer un général de l’armée française qui doit faire partie des invités, et qu’elle tient pour responsable de l’attaque dont a été victime son frère lorsqu’il était soldat.

Par une succession de hasards ou d’improvisations, elles décident de monter à Paris à vélo, en vendant des boudins sur leur chemin afin de financer leur voyage, clin d’œil sarcastique au concours qui les a réunies, et à son organisateur, à qui elles démontrent ainsi qu’elles ne se sont pas laissées abattre. Elles pédalent accompagnées de Kader, le frère d’Hakima qui voyage pour sa part en fauteuil roulant, une forme de retour à la vie pour lui qui depuis l’attaque et sa terrible mutilation, ne quittait plus l’appartement familial.

Leur équipée attire peu à peu l’attention du public et des médias, et leur aventure prend une tournure qu’elles n’auraient jamais imaginé.

Mon avis : Voici un roman formidable, qui fait réfléchir sur la tyrannie de l’apparence notamment chez les jeunes, et l’enfer que peuvent représenter les réseaux sociaux. J’ai beaucoup apprécié le ton ironique de la narration menée tambour battant par une Mireille qui a la langue acérée et beaucoup de recul sur elle-même et les autres. Les personnages se montrent très fortes et battantes. Leur périple est difficile physiquement, leur aventure éprouvante moralement, mais elles se démènent pour réussir et surmontent les obstacles.

Je recommande ce roman à tous les ados, et j’espère qu’il les fera réfléchir sur ces sujets difficiles et peut-être être davantage conscients de ce qu’ils peuvent dire ou faire.

Chroniques du monde émergé, Licia Troisi

Résumé : La trilogie s’ouvre sur le personnage de Nihal, dans un tome qui lui est consacré, Nihal de la terre du vent. Cette petite fille vit seule avec son père, armurier de métier. Elle est le chef d’une bande d’enfants dont le jeu préféré est de se battre, jeu auquel elle est particulièrement douée et sauvage. Elle rêve de devenir guerrier, même si son père lui répète que les guerriers femmes n’existent pas.

Pour occuper ses ardeurs et soigner son ego mis à mal par un combat perdu contre un apprenti magicien, elle décide d’apprendre la magie auprès de sa tante, Soana, une magicienne très puissante qu’elle ne connaît quasiment pas.

Elle rencontre Fen, un chevalier du vent, ces chevaliers d’élite montés sur le dos d’un dragon, combattants exceptionnels qui dirigent l’armée du monde émergé dans sa lutte contre le Tyran, magicien noir extrêmement puissant qui envahit les royaumes les uns après les autres pour les asservir et les laisser aussi vides et morts que le désert. Nihal comprend d’une part qu’elle est amoureuse de lui, même si c’est un amour à sens unique car il est le compagnon de  sa tante, et d’autre part qu’elle veut éperdument devenir chevalier du vent. roman fantasy dragon combat adolescent

Impressionné par l’ardeur au combat de la jeune fille, le chevalier accepte de l’entraîner chaque fois qu’il vient voir sa bien-aimée Soana. Nihal s’entraîne assidument même quand il n’est pas là.

Pendant qu’elle fait son apprentissage, sa cité est attaquée par l’armée du Tyran composée de fammins, ces créatures d’horreur que le magicien a fabriquées pour servir ses sombres desseins. Nihal essaie de sauver son père, mais l’armée est la plus rapide, et lorsqu’elle arrive à l’armurerie, son père meurt sous ses yeux, elle-même est blessée et manque de mourir. Pendant la bataille, un fammin l’a qualifiée de semi-elfe. Aussi dès qu’elle reprend conscience, elle demande à sa tante Soana de lui fournir des explications. Elle comprend alors que Livon n’était pas son vrai père et qu’elle est la dernière survivante d’un peuple massacré par le Tyran, les demi-elfes. C’est de là que lui viennent ses yeux violets et ses cheveux bleus. La jeune fille sent une rage terrible envahir son cœur, un désir de vengeance irrépressible.

Elle va alors tout faire pour devenir chevalier du vent, bravant les interdits et les tabous. Puis, elle se battra avec une violence et une rage telles qu’elles la pousseront à prendre tous les risques. Heureusement, son maître chevalier et Sennar, l’apprenti magicien devenu entre temps puissant conseiller mais aussi un ami très cher, l’aideront à lutter contre ses démons intérieurs, et à découvrir ce qui peut faire d’elle un vrai guerrier.

Mon avis : C’est une très belle saga de fantasy. L’intrigue est un peu longue à se mettre en place, mais elle est ensuite parcourue par un puissant souffle épique. La lecture m’a parfois donné de vrais frissons tellement les combats sont intenses, le personnage intègre et téméraire. J’ai apprécié de voir l’évolution du personnage principal, ses parts d’ombre. J’ai adoré certains personnages secondaires comme son maître chevalier. Certaines scènes m’ont fait jubiler (le combat qu’elle mène pour entrer à l’académie par exemple !). C’est donc une magnifique série de fantasy, tout à fait adaptée aux ados, mais en même temps digne des grands titres du genre. Un roman à conseiller à ceux qui aiment lire, car c’est quand même une trilogie de plus de 900 pages en tout.

Acheter sur le site de la FNAC, sur Amazon.

Ma vie sens dessus dessous, S.E. Durrant

Nouveau coup de cœur pour ce roman, que j’ai lu en une soirée au coin du feu.

Ira et son petit frère Zac sont promenés de famille d’accueil en famille d’accueil avant d’arriver au foyer de Skilly House, à Londres. Plutôt méfiants, ils vont découvrir un univers pas si difficile, où les adultes encadrants leur donnent réconfort et quiétude. Ils vivent dans une petite chambre sous les toits. Ira a 9 ans et Zac 7 ans lorsque l’histoire débute. Ils ne connaissent de leur passé qu’une photo un peu floue d’eux avec un chien noir. Ira se sent responsable de son petit frère, elle essaie d’être forte pour deux. Elle le rassure, lui raconte des histoires, le protège. C’est une enfant qui aime écrire des histoires, dessiner.

Le roman raconte leur quotidien dans le foyer, leurs espoirs, leurs craintes, leurs rêves, leurs amitiés avec les autres enfants, la façon dont chacun gère les difficultés de sa vie d’enfant sans famille, voire sans histoire pour certains. Tous ils rêvent de trouver une famille qui les accueillera définitivement, mais comme le dit Ira avec un cynisme tellement triste pour son âge, plus on est vieux, moins on fait envie aux familles adoptives…roman adolescent orphelinat famille d'accueil foyer émotions

Un jour ils vont avoir la chance de partir à la campagne en vacances pendant une semaine chez une ancienne institutrice. Ils reviennent métamorphosés de ce voyage, mais le quotidien leur paraît par contraste encore plus difficile. Mais la vie continue et peut-être un jour s’améliorera-t-elle.

Mon avis : c’est un roman difficile à résumer, car sa saveur ne tient pas tant dans l’histoire et les actions racontées, mais plutôt dans la finesse de la description des pensées et émotions de ces enfants laissés pour compte. J’ai trouvé une grande justesse dans la compréhension et la description des personnages. Ira sait si bien décrypter le comportement de son frère, elle sait lire les émotions cachées sous la surface des actions.

Si ce roman est plein d’émotion, tristes comme joyeuses, pour autant, il n’est pas outrancier comme certains romans jeunesse actuels qui se livrent à une débauche émotionnelle fatigante. Le thème abordé est difficile, mais traité je trouve avec sensibilité. J’ai vraiment aimé cette lecture, qui de plus n’est pas très difficile. En effet, il y a un seul narrateur, le récit est plutôt linéaire. Le roman comporte 200 pages ce qui est raisonnable pour des adolescents moyennement habitués à la lecture.

Le troisième vœu, Janette Rallison

Savannah a 15 ans, un petit ami qui est en terminale, dans la même classe que sa sœur. Elle prévoit d’aller au bal de fin d’année avec lui. Sauf que… contre tout attente, son petit ami tombe fou amoureux de sa sœur, et rompt avec Savannah.

Celle-ci est très en colère, et surtout désespérée. C’est alors qu’apparaît dans sa vie une jeune fée, qui se présente comme une Marraine fée débutante. Elle lui donne le droit à trois vœux, pour lesquels Savannah doit signer un contrat. Sans se méfier, Savannah se met à rêver à voix haute, d’un prince, qui la rencontrerait dans un bal, et tomberait amoureux d’elle…. Et crac, la fée l’expédie aussitôt dans la vie de Cendrillon. Sauf que ce n’est pas à franchement parler la Cendrillon de Disney, mais une jeune fille vivant au Moyen-Âge, avec toutes les difficultés que cela comporte. Savannah découvre effarée que le bal aura lieu seulement plusieurs mois plus tard, et qu’elle va devoir travailler comme une forcenée dans un monde sale, injuste et difficile tout ce temps. roman adolescentes amour contes de fées humour suspense histoire

Elle essaie alors de préciser sa pensée à sa Marraine fée, en expliquant qu’elle veut être aimée par un prince bon et elle n’a pas le temps de terminer sa phrase que la Marraine fée l’expédie dans la vie de Blanche-Neige. C’est encore pire. Maintenant elle doit s’occuper de sept nains, qui la prennent pour une idiote finie, incapable de rien comprendre, rien retenir et de rien cuisiner de mangeable.

Savannah en a plus que marre, après 50 appels (il faut dire que sa Marraine fée débutante est une ado qui ne pense à rien d’autre qu’au shopping et ne répond qu’après 36 relances), elle arrive enfin à expliquer à sa Marraine fée qu’il faut qu’elle l’écoute jusqu’au bout lorsqu’elle prononce son voeu, et qu’elle arrête de lui couper la parole. Elle prend donc le temps d’expliquer que ce qu’elle veut, c’est un garçon dans son monde à elle, qui l’aimera pour elle-même et pas juste pour sa figure, qui soit du genre prince charmant (entendez dans la bouche de Savannah, un mec cool, mais que va en comprendre la fée…!!) et qu’elle veut aller au bal de fin d’année avec lui.

Tout va bien, la voici de retour dans sa chambre. Heureuse, elle profite de retrouver sa famille, l’eau courante, l’électricité. Personne ne s’est inquiété de sa disparition, car une heure dans le monde réel correspond à une semaine dans le monde des contes. Sauf que le lendemain, elle apprend qu’un ami à elle a disparu. Elle comprend aussitôt que la fée est responsable. Celle-ci lui avoue alors qu’elle a transporté un garçon du monde moderne au Moyen-Âge, en lui donnant pour mission d’accomplir quelque chose qui fasse de lui un Prince, puisque c’est ce que Savannah veut. Dévorée par la culpabilité Savannah va trouver une solution pour se faire transporter là-bas, afin de lui venir en aide. Ses aventures (et mésaventures) sont loin d’être terminées…

Mon avis : Je n’ai pas du tout accroché au début du roman, j’ai failli arrêter, c’est pour dire. La vie de Jane et Savannah dans le monde réel n’a rien de très palpitant. Par chance je me suis accrochée, et bien m’en a pris, car la suite est délicieuse. Je me suis beaucoup amusée des déboires de Savannah dans le monde des contes de fées. Sa prise de conscience des difficultés de la vie au Moyen-Âge est très bien racontée, et on rigole beaucoup. De même avec sa relation avec cette horripilante Marraine fée qui semble prendre un malin plaisir à mal interpréter ses vœux. Ce fut donc finalement un très chouette moment de lecture, pour un roman un peu à l’eau de rose, mais en mode humoristique, avec du suspense, une petite pointe de littérature par le jeu de réécriture des contes, et une encore plus petite pointe d’histoire.

A recommander à des adolescents qui aiment quand même bien lire car c’est un joli petit pavé, et le brouillage des époques et des personnages peut en perturber plus d’un.

Cœur d’encre, Cornelia Funke

Meggie a douze ans, elle vit avec son père Mo. Ils vivent de façon un peu marginale. Son père est relieur, il répare les livres anciens, leur refait une couverture. C’est un passionné de bouquins, et il a transmis sa passion à sa fille. Ils vivent à l’écart du monde, dans une vieille maison. Meggie l’accompagne dans tous ses voyages, même si cela l’oblige parfois à rater l’école.roman cornelia funke magie lecture

Un jour, un homme très étrange vient voir son père, un homme que l’on appelle Doigt de Poussière. Meggie les écoute en cachette, il parle d’un danger, d’hommes qui pourraient les poursuivre, d’un livre qui serait recherché. Alors, Meggie et son père partent en voyage pour fuir ce danger, emportant secrètement un livre que Meggie n’a jamais vu. Ils vont se réfugier chez la tante de Meggie, Elinor, une vieille fille qui ne vit que pour ses livres, qu’elle possède par milliers, protège jalousement, et semble aimer bien plus que les êtres humains. Là ils pensent être en sécurité. Malheureusement, ils vont découvrir que ce n’est pas le cas : le livre qu’ils cherchaient à protéger est volé, et le père de Meggie kidnappé.

C’est alors que l’on découvre le secret de Mo, le père de Meggie. Il est une « langue magique », c’est-à-dire qu’il a la capacité à faire sortir des éléments de l’histoire d’un livre lorsqu’il le lit à voix haute. Mais cette capacité fonctionne aussi à l’envers. C’est ainsi que lorsque Meggie était toute petite, sa mère a disparu dans un roman d’aventures, alors que des personnages, malheureusement fort antipathiques, en sont sortis. Ce sont eux qui, s’étant parfaitement adaptés au monde dans lequel ils ont atterri, qui kidnappent Mo, dans l’espoir d’exploiter son don à leur profit.

Meggie se lance alors avec sa tante et Doigt de Poussière, fort opportunément resté dans les parages, à la poursuite des ravisseurs de son père. Commence une formidable aventure.

Mon avis : c’est un roman tout à fait sympathique, plaisant à la lecture. J’aime beaucoup le personnage d’Elinor, qui vient mettre un peu de relief dans l’histoire. Le thème m’a beaucoup plu, cette idée de pouvoir entrer ou sortir d’une histoire. Le roman est cependant assez long à lire, il faut donc le réserver à des ado bons lecteurs et fan de ce type de littérature.

Tom petit Tom tout petit homme Tom, Barbara Constantine

Tom a 11 ans. Il vit avec sa maman, Joss, qui en a à peine 25. Elle l’a eu alors qu’elle était encore au collège. Il ne connaît pas son père.roman ado pauvreté

Tous les deux vivent dans une caravane à la campagne, ils sont très pauvres, volent la moitié de leur nourriture dans les potagers des maisons voisines, attrapent des merles pour les manger. Joss fait des petits boulots à droite à gauche pour essayer de survivre, mais elle a du mal à les garder. Elle est assez impulsive, pas trop réfléchie, parfois violente. Elle a du mal à s’en sortir dans la vie, les hommes n’en veulent qu’à ses seins (ce qui la gonfle prodigieusement), elle n’a aucun diplôme. Pourtant elle a de la volonté, et essaie d’économiser pour accomplir ses rêves.

Tom est très débrouillard, il sait se faire à manger, il se gère souvent seul surtout quand sa maman sort tard le soir, voire part quelques jours en week-end avec des amis.

Il va faire la connaissance de deux autres âmes en perdition, Madeleine, une vieille dame de 93 ans, solitaire, à moitié décrépie, et Samy, un ex-copain de sa maman, ex-taulard, solitaire lui aussi. La première va lui apprendre à faire du potager, le deuxième discute longuement avec lui, de tout et de rien.

Les uns et les autres apprennent à se connaître, à se comprendre. Ils vont découvrir que à plusieurs, la vie est plus facile, plus douce.

Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce roman, tendre et tranquille. Les situations décrites sont difficiles, mais elles sont racontées avec relativement de pudeur. Nous ne sommes pas dans la débauche de sentiments que l’on trouve parfois en littérature jeunesse. D’ailleurs, cette pudeur peut rendre le roman un peu compliqué pour les lecteurs les plus en difficulté, car il faut comprendre les sous-entendus de certaines paroles, déduire des informations. Cependant cela reste une lecture assez facile et abordable, à partir de 12 ans environ. Le roman fait 250 pages.

Sur le site de la FNAC

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Le froid modifie la trajectoire des poissons, Pierre Szalowski

L’histoire : Le narrateur a onze ans, et il apprend dans les jours qui suivent Noël que ses parents ont décidé de se séparer. Il est super triste et en colère. Dans sa détresse, il lance un appel au ciel, lui demandant de l’aider. Comme réponse un peu étrange, le ciel envoie un épisode de verglas intense et hyper grave.roman bonheur adolescents divorce

Au début, ça n’a pas l’air de bien améliorer les choses pour lui. Son père s’en va habiter temporairement dans leur chalet de vacances, sa mère fait les comptes pour séparer leurs biens communs. Par contre ces conditions météorologiques extrêmes vont entraîner beaucoup de perturbation dans le voisinage. Des gens qui vivaient côte à côte mais sans se connaître vont être obligés de se rencontrer, de s’ouvrir, et peut-être, de voir leur vie métamorphosée à tout jamais. On découvre ainsi Julie, danseuse dans un club nocturne, qui ne sait plus trop pourquoi elle continue ce boulot, et qui ne rencontre que des hommes qui profitent d’elles, Boris, chercheur mathématicien obnubilé par ses poissons et la température de l’eau de leur bocal (c’est le sujet de sa thèse de doctorat qui est en jeu !), Simon et Michel, couple homosexuel qui cache leur amour de peur d’avoir des problèmes, Alex et son père Alexis, blessés par le passé, en colère et en rejet dans le présent… Et puis un jour, le père du narrateur revient à la maison, les deux bras dans le plâtre. Est-ce que les choses vont enfin s’améliorer pour lui aussi ?

Tous ces destins se croisent et s’entrecroisent, pour un roman plein de bonne humeur et de belles surprises. C’est un vrai roman « feel good » pour ados. Cette lecture fait du bien, on sort ragaillardi, motivé, on retrouve confiance dans le genre humain. Idéal à lire en hiver quand on est assailli par la morosité ambiante et qu’on a l’impression que le mauvais temps est vraiment trop déprimant. Une jolie leçon de bonheur.

Acheter ce roman chez Decitre ou à la Fnac.

 

The Big History Show – L’Emission, Jeanne Bocquenet-Carle

L’histoire : L’histoire se passe dans le futur (mais pas si lointain, quelques années tout au plus). Un magnat des médias, milliardaire, a réussi à faire mettre au point une machine à voyager dans le temps. Il a décidé que cette invention serait le point central d’un immense nouveau jeu de télé-réalité : le big history show. 5 équipes de deux personnes partent à différentes époques de l’histoire, elles ont une mission à remplir le plus vite possible. A chaque manche, une équipe est éliminée. Le jeu présente certains risques car les époques historiques peuvent être dangereuses, et l’équipe de télé n’a pas toujours le temps d’intervenir, surtout qu’il leur faut rester discret pour ne pas risquer de changer l’histoire.

anticipation, science, science-fiction, éthiqueLe roman s’ouvre sur une série de personnages dont on fait rapidement connaissance. D’un côté les futurs candidats de l’émission : Lana inscrit sa sœur Coline sans lui demander son avis, car elle veut l’aider à se bouger après une rupture sentimentale mal digérée ; Chris et Mathilde s’inscrivent à l’initiative de Chris, dont on découvrira qu’il a vécu un traumatisme terrible un an auparavant, qu’il espère soigner avec le jeu ;  Jean, beau et courageux guide de haute montagne qui s’inscrit pour faire plaisir à sa mère, retraitée férue d’histoire ; Juliette et Adem, deux étudiants dont la première est une sacrée peste, qui veut gagner à tout prix, et enfin deux hommes qu’on voit assez peu, d’ailleurs ils seront les premiers à être éliminés. De l’autre côté on rencontre l’équipe de production de l’émission : le producteur, le présentateur, le patron de la chaîne, personnages imbus d’eux-mêmes, superficiels, assez insupportables, mais aussi la directrice du casting, le responsable des voyages, le technicien, plus humains, plus torturés…

On découvre les dessous de l’émission, la façon dont les candidats sont choisis pour correspondre aux émotions à provoquer chez le public, la façon dont le montage est fait, le plus voyeuriste possible, mais surtout en évitant toute référence qui pourrait choquer une association quelconque, ou risquer de faire réfléchir le public au bien fondé d’un tel jeu.

Lorsque le jeu se lance, on ne peut s’empêcher de vibrer avec les personnages, d’être pris dans le rythme haletant des épreuves. La première époque parcourue est la seconde guerre mondiale, lors de l’invasion de la France par les Allemands en juin 1944. C’est un pléonasme, mais l’époque est historique !

Mon avis : Un grand coup de cœur pour ce roman, qui plus est écrit en langue française et édité par une petite maison d’édition indépendante. Ce n’est pas si souvent que je lis des romans à tendance un peu utopie/uchronie en langue française, donc ça fait vraiment plaisir, surtout quand la lecture est aussi agréable. Les personnages se sont montrés très attachants, j’ai ri, pleuré, frémi avec eux. Le rythme est rapide, sans être effréné, les chapitres assez courts encourageront les lecteurs un peu moins aguerris. C’est un roman qui mélange les voix narratives puisqu’on suit différents personnages tour à tour, mais pour une fois c’est fait d’une façon très claire, et je ne pense pas que ce sera un obstacle à la lecture pour les lecteurs moins habitués.

Par ailleurs ce roman permet une vraie réflexion. On voit les dessous des jeux de télé-réalité. J’ai beaucoup apprécié le délicat dosage entre le cynisme de certains personnages et la sensibilité des autres. L’auteur a su livrer un portrait grinçant de ce phénomène sans pour autant tomber dans la caricature (contrairement à Hunger Games par exemple). On se pose aussi des questions sur la science et l’éthique. A qui appartiennent les découvertes, est-ce normal de pouvoir breveter des inventions aussi extraordinaires et priver l’humanité de leur utilisation à des fins scientifiques ? Bref, j’ai adoré !

Je recommande cette lecture aux adolescents à partir de 12 ans, autant pour de bons lecteurs que pour des lecteurs un peu moins à l’aise.

Pour l’acheter, vous pouvez aller :

sur le site de la maison d’édition : Marathon Éditions.

sur le site de la FNAC

Coraline, Neil Gaiman

Coraline s’est installée avec ses parents dans une immense et très ancienne maison. L’appartement qu’ils occupent comporte plusieurs pièces, dont un salon où Coraline va rarement car il est décoré de meubles anciens et fragiles. Au fond du salon se trouve une porte qui lorsqu’on l’ouvre, donne sur un mur de briques. Dans le temps cette porte permettait de circuler dans tout l’étage, mais désormais il a été divisé en deux appartements distincts et donc la communication fermée. Coraline se livre à son activité favorite, explorer son environnement, le jardin et le vieux puits interdit, les rues alentours. Elle fait aussi connaissance des nouveaux voisins de la maison, tous très vieux, très gentils, mais un peu fêlés. Lorsqu’une vieille dame lui prédit qu’elle est en grand danger, et lui offre un petit caillou pour la protéger, Coraline n’y croit guère, mais ressent quand même un petit pincement d’excitation.

Un jour qu’il pleut et qu’elle ne peut pas continuer d’explorer l’extérieur, elle se lance dans la découverte de l’intérieur. Une surprise de taille l’attend : la porte murée du salon ne l’est plus. Elle entre dans un mystérieux et sombre corridor, qui la mène vers un appartement en tous points identique au sien… Quoique… Ses parents sont là, mais légèrement différents, surtout leurs yeux, qui ont été remplacés par d’étranges boutons noirs. Ces « autres parents » comme elle les appelle sont extrêmement gentils avec elle, et pourtant Coraline se sent assez mal à l’aise. Ils lui proposent de rester ici autant qu’elle le souhaite, pour toujours même. Coraline préfère quand même rentrer chez elle. Mais à son retour dans le vrai appartement, elle constate, apeurée, que ses vrais parents ont disparu. Après quelques heures d’attente, elle comprend qu’elle n’a pas le choix, elle doit retourner dans l’appartement mystérieux pour tenter de les sauver.

Mon avis : Un chouette roman fantastique, manipulant l’angoisse avec dextérité. Le rythme n’est pas très rapide, mais l’inquiétude monte régulièrement. On s’attache à cette petite fille qui observe le monde avec courage et attention. On se demande bien ce qui se cache derrière ces événements mystérieux, et peu à peu, les ingrédients du mystère se dévoilent, avec toute l’horreur qu’ils contiennent. 150 pages pour ce roman, au rythme calme et inquiétant.

Sur le site de la FNAC : la version BD / la version roman

Les incroyables aventures de Baba Wildy, Eric Atlan

Résumé : Baba Wildy est orphelin. Ses parents ont disparu dans un accident d’avion mystérieux, suite aux agissements de son père, qui semble travailler pour des gens plutôt louches. Baba Wildy est donc élevé par sa tante. Son meilleur ami, son alter ego est un hamster appelé Trombone, à l’humour décapant et particulièrement têtu et audacieux.

Baba Wildy est hyper timide, a tendance à bégayer. il adore la musique et est amoureux d’un jeune boulangère aveugle, à qui il n’ose pas dire plus de trois mots. Un jour, il ouvre un logiciel hérité de son père, et est repéré par un groupe d’espions russes qui vont dès lors tenter de mettre la main sur lui.

S’en suivent une série d’actions enchaînées à un rythme effrené, des situations particulièrement dangereuses dont Baba Wildy se sort de façon complètement folle et fantaisiste, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Mon avis : L’histoire n’est pas très profonde, mais on passe un bon moment à la lecture de ce livre. De l’action, de l’humour, du rythme, des personnages attachants, tous les ingrédients sont réunis pour une lecture détente sympathique. En plus, le livre est très abondamment illustré, ce qui rend la lecture agréable et fluide.

Je le recommande aux ados qui aiment les histoires d’espions, avec de l’action. A partir de 12 ans.

Sur le site de la FNAC.

Tatiana sous les toits, Gisèle Bienne

#marsauféminin

Aurore vit dans un immeuble avec ses parents et son petit frère Vincent qui lui est « tombé dessus » depuis quelques mois. Aurore a du mal à trouver sa place dans la famille. Ses parents sont un peu dépassés par leur bébé, et ne comprennent pas Aurore, qui a des idées un peu roman deuil ados famille théâtre artdécalées. Un jour, une comédienne, Tatiana, s’installe dans l’appartement au-dessus de chez eux. Aurore est fascinée par cette femme, par l’univers qu’elle représente. Elle s’arrange pour la croiser le plus souvent possible dans les escaliers, et essaie de se faire inviter chez elle. On découvre peu à peu la vie d’Aurore, avec ses questionnements, ses difficultés, son histoire familiale, ses amours et amitiés. La rencontre avec Tatiana oriente l’histoire vers l’art, le théâtre, la littérature.

Mon avis : Ce roman m’a beaucoup surprise. Je l’ai trouvé assez ennuyeux au début, avec cette petite fille qui paraît superficielle de s’intéresser à la « star » qui vit dans l’appartement au-dessus d’elle. Et puis plus on avance dans le roman, plus l’histoire devient profonde, toute en subtilité. Les personnages se développent, se complexifient. On découvre les secrets de la famille, les non-dits, les tristesses cachées. Et on comprend mieux cette petite fille, plus si petite d’ailleurs, qui se positionne différemment de ses amis collégiens, et n’a pas peur d’assumer sa différence. Ce roman aborde les thèmes de l’adolescence, du deuil familial, de l’art avec beaucoup de pudeur et d’originalité. Il n’est pas tellement épais (139 pages), cependant je le conseille à des ados plutôt bons lecteurs (ou au moins assez mûrs dans leur façon d’envisager la lecture) car cette écriture en demi-teinte pourra surprendre ceux qui préfèrent les romans pleins d’actions et de rebondissements.
Ce livre a été lu dans le cadre du challenge #marsauféminin, qui propose de lire des auteurs féminins, organisé par le blog Floandbooks.

 

J’aime pas le lundi, Jérôme Lambert

Lucien est un collégien plutôt introverti. Il aime être tranquille, il dort souvent en classe. Au désespoir de ses parents, il n’a pas beaucoup d’ami, en fait il en a un seul (sauf si on a le droit de compter dans ses amis le portrait affiché à l’entrée du collège). Par contre il y a des tas de choses qu’il n’aime pas. Tellement, qu’il décide d’en faire la liste pendant les deux heures de retenue qu’un prof lui a donnés. Dans la liste des choses qu’il n’aime pas figure Fatou, une fille du collège, grande, imposante, et qui n’hésite pas à lui rentrer dedans quand elle le croise.

Or justement, Fatou a décidé de lui lancer un défi. Lequel des deux déteste le plus de choses ? Lucien est sûr de gagner, en plus il a pris de l’avance dans sa liste avec ses deux heures de colle.

Mon avis : Mon résumé ne fait pas honneur à ce livre. Son intérêt ne tient pas dans l’histoire, assez plate, mais dans le style de l’auteur, plein d’humour et d’ironie assez mordante. Cependant, je suis sceptique sur le fait que ce roman puisse plaire à des adolescents. En effet, cette ironie s’applique souvent au monde adulte, ou à la façon dont les adultes se comportent avec les adolescents. Or je me demande si des adolescents sont sensibles à cet humour. Je vous laisse me dire ce qu’il en est…

Sur le site de la FNAC

Les autodafeurs, Marine Carteron

Voici un nouveau roman plein d’aventures, d’action et de mystère.

Auguste a 14 ans. Il vit avec ses deux parents et sa petite soeur Césarine. Il est très préoccupé par son look pour plaire aux filles, il réclame à corps et à cris un portable à ses parents qui refusent, et il fait tout pour éviter sa mère qui travaille dans le collège où il va. Ses parents sont un peu ringards et vieux jeu, des profs quoi ! Un jour son père meurt dans un accident de voiture. Auguste propose alors d’aller s’installer à la campagne chez les grands-parents paternels, ce qui semroman adolescents espionnage espions mission secrète agents secrets complotble redonner le sourire à sa mère. Cependant, là-bas, il va faire des découvertes qui vont totalement changer sa vision du monde et de sa famille. Il apprend que sa famille appartient depuis des générations entières à une société secrète, la Confrérie, chargée de protéger le savoir de l’humanité contenu dans les livres. En effet, dans l’ombre oeuvrent les autodafeurs, personnes mauvaises qui veulent asservir les êtres humains en leur coupant l’accès à la connaissance. Leur principal objectif est la destruction générale des livres. Auguste découvre que lui-même a été secrètement formé pour devenir un agent de la Confrérie : cela explique les cours d’arts martiaux, les stages de survie auprès des indiens d’Amérique… Il découvre également que loin d’être des adultes ringards, les membres de sa famille sont des espions surentraînés et hyper organisés pour sauvegarder ces secrets millénaires. Mais les ennemis se rapprochent, et il faut agir. En parallèle, on lit le journal intime de Césarine, sa petite soeur, atteinte d’autisme Asperger. Son journal est fantastiquement drôle avec sa façon d’analyser perpétuellement les évènements de façon rationnelle et terre-à-terre. Césarine est une surdouée à qui personne ne prête attention. Elle va montrer qu’elle peut jouer un rôle de tout premier plan dans cette aventure.

Ce roman est plein d’action, ça va parfois à 100 à l’heure, il y a aussi beaucoup d’humour, et une réflexion intéressante sur le rôle des livres pour l’humanité. Il ne faut pas se décourager en lisant le début qui peut paraître un peu long, par la suite, l’action s’engage et la lecture est plus rapide. Parfois les évènements peuvent sembler même un peu exagéré, mais c’est presque jubilatoire, en tout cas moins toutes ces exagérations m’ont faite beaucoup rire, et j’ai passé un super moment de lecture, sans voir le temps passer. Pour le moment j’ai lu les deux premiers tomes, j’attends de trouver le 3ème avec impatience.

Sur le site de la FNAC : tome 1 – tome 2 – tome 3

Nina Volkovitch : tome 1 : La lignée, Carole TREBOR

Résumé : l’histoire se passe en Russie soviétique, sous la dictature de Staline, en 1948. Nina Volkovitch a 15 ans, mais en paraît à peine 12. ninaPendant la guerre, à cause sans doute des privations de nourriture et de la peur, sa croissance s’est arrêtée. Son père a fui en France il y a 10 ans. Lorsque le roman commence, la mère de Nina est arrêtée, accusée d’être traître. On lui avait ordonné de jeter tous les tableaux non-russes de son musée, et elle a refusé. Elle va donc être envoyé dans un goulag (un camp de prisonniers en Sibérie). Nina se retrouve seule et est envoyé dans un orphelinat spécial pour enfants de traîtres. Cependant sa mère lui a fait passer un message secret. Nina doit s’échapper à tout prix, car elle a une mission secrète à remplir. Pour l’aider dans sa mission, sa mère lui a laissé de mystérieux objets, qui vont révéler des pouvoirs étranges. Nina va faire l’impossible pour suivre les conseils de sa mère, fuir et savoir qui elle est vraiment et quelle est sa mission. Elle rencontrera tout au long de son aventure des aides inattendues.

Mon avis : C’est un roman très intéressant. Il nous fait découvrir le monde soviétique et la dictature stalinienne. L’aventure de Nina est bien écrite, il y a du rythme, de l’action, une petite touche de fantastique, c’est très plaisant. Il compte environ 200 pages, l’aventure de l’évasion se termine à la fin du premier tome, mais on a malgré tout très envie de lire la suite et de découvrir la vraie identité de l’héroïne. A recommander pour des élèves à partir de 12 ans, qui aiment déjà un peu la lecture.

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Sako, Martine Pouchain

Résumé : Sako est une petite fille originaire du Mali. Avec sa mère, elles ont fui la misère de leur pays, avec l’espoir de trouver mieux en France. Sa mère souhaite plus que tout que sa fille puisse aller à l’école, faire des études et devenir médecin. Mais pour ça, il faut des papiers. Et pour avoir des papiers il faut travailler. Mais pour travailler, il faut des papiers. Face à ce casse-tête, Sako est un peu perdue. Elle reste seule dans la caravane de sa maman toute la journée et s’ennuie terriblement à lire et relire toujorus le même livre. Alors elle observe ce qui se passe de l’autre côté de la haie, chez Mado.sako

Mado est une vieille femme seule. Elle est veuve, et son fils unique est allé vivre à l’autre bout de la France, elle ne le voit quasiment jamais. Mado n’a plus le goût de la vie. Elle n’a plus envie de sortir, ni même de s’habiller et à peine de se faire à manger. Elle regarde souvent d’un air désapprobateur ces gens venus de partout qui squattent le camping abandonné à côté de son jardin. Elle a un peu peur qu’ils viennent l’agresser un jour, mais peu à peu, elle est intriguée par cette petite fille à la peau si noire, qui la regarde de ses grands yeux.

Ces deux personnages vont se rencontrer. Le roman alterne le récit du point de vue de l’une puis de l’autre, et de temps en temps, du point de vue de la mère de Sako.

Mon avis : Un beau roman, et en plus assez court. L’auteur est vraiment douée pour réussir à monter toute son histoire aussi rapidement. On s’attache à ces deux héroïnes si solitaires et tristes qui vont trouver la joie ensemble. La dure vie des sans-papiers est montrée sans trop s’attarder, mais de façon intéressante. Ce roman peut être lu par des enfants assez jeunes (en étant prévenus cependant que cela raconte des histoires difficiles) et surtout qui n’ont pas bien l’habitude de lire.

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